[Interview] Journal d’un forgeron (dé)confiné : Christophe Trivino

Alors que la France est sortie du confinement, Piero n’a pas lâché son micro et poursuit les interviews de nos forgerons !

micro interview

Piero : Christophe, comment s’est passé pour toi cette période de confinement / déconfinement ?
Christophe Trivino :
« J’ai vécu ça comme une « prison dorée » si on peut dire… Le 15 mars, dès le lendemain des élections municipales où l’on venait d’être élus pour un 3e mandat, on était confinés. Et confinés pour moi voulait dire « enfermé » en vase clos. Du fait de mes petits soucis respiratoires, j’ai fait très attention pour moi et mes proches pour ne pas attraper la maladie et ne pas non plus la transmettre à mon fils, mes petits-enfants ou quelqu’un de proche : amis, famille ou les gens que je côtoie au quotidien… Cette crainte a fait que que l’on a vécu enfermés. Au quotidien, cela m’a remis un peu à l’effort et au sport avec mon épouse ! On a appris à vivre ensemble après 48 ans de mariage. Cela nous a permis de faire énormément de travail en retard sur notre propriété également tout en respectant une ligne de conduite. »

 

En tant qu’élu, comment correspondais-tu avec les autres élus et le maire ?
« Lors de la première partie pendant ce confinement, c’était l’ancienne équipe municipale qui est restée en place durant pratiquement 2 mois. C’est le maire qui avait la grosse part du travail parce que lui, confinement ou pas, il était aux affaires ! Et il en a fait beaucoup… Le commandant de bord était là tandis que ses adjoints étaient plutôt confinés… Nous travaillions tous par visio ou par téléphone. Pour ma part, j’ai appelé les présidents sportifs concernant surtout les sports de compétition. J’ai anticipé les choses en pensant aux journées à venir qui risquaient d’être très compliquées pour les uns et les autres. Je leur ai demandé de me tenir au courant des évènements et des avancées des fédérations. Cela nous a permis déjà de voir des activités extérieures, surtout individuelles, redémarrer. Les activités en salle sont fermées normalement jusqu’au 31 août. On se donne jusqu’au 21 juin pour voir les nouvelles donnes de la phase 3 du déconfinement. J’espère que le sport collectif va pouvoir repartir comme le tennis, les archers, l’athlétisme ou le golf notamment qui ont pu recommencer leurs activités. Les sports de combats et collectifs eux sont toujours confinés. »

 

Quel est le rôle d’un élu aujourd’hui ? Est-ce une grosse responsabilité à gérer surtout dans la situation actuelle ?
« C’est compliqué mais c’est dans la difficulté que l’on se rend compte des besoins. Le sport aujourd’hui, c’est mon kérosène. Il faut toujours être dans l’anticipation. J’étais moi-même gardien de but, j’étais le dernier rempart souvent seul dans sa surface et dont le rôle est d’anticiper le jeu de l’adversaire. Dans la vie, cela permet d’éviter les difficultés et mon rôle d’élu effectivement, c’est d’anticiper l’avenir. Je pense que le tissu associatif gueugnonnais aura encore plus de besoins et il faudra être inventif pour l’accompagner dans ces moments très compliqués. Aujourd’hui, il n’y a plus d’entrées, plus de location de salles et plus d’activité et cela est dur pour les finances. Pour notre part, il va falloir soutenir tout le tissu associatif car malgré les aides de l’état qui arrivent au compte-goutte, la situation est très compliquée pour certains comme pour les commerçants où les artisans même si ce n’est pas ma partie mais celle d’un autre adjoint.
Finalement, la situation était compliquée mais heureusement, le maire avait une équipe autour de lui qui lui a permis d’anticiper beaucoup de choses. Pour les écoles par exemple, cela a été fait avec l’adjointe en charge des affaires scolaires et avec le secrétariat général de la ville de Gueugnon ainsi que les services techniques. Il y a eu un gros travail collectif qui a été fait et on a la chance d’avoir aujourd’hui ces gens qui ont été au plus près du maire. La priorité est toujours d’accompagner les entreprises locales et d’aider le tissu économique local pour qu’ils continuent de fonctionner. »

 

Tu es de nouveau adjoint au maire, 2nd adjoint au maire responsable des sports. Parle-nous de ton rôle ?
« J’ai la chance d’être à ce poste pour une ville qui a toujours été une ville sportive. Depuis 2008, jour où Dominique Lotte m’a demandé d’être à ses côtés, mon rôle premier a été de prendre le relai des Forges de Gueugnon qui s’étaient retirées du sport et donc de reprendre tout ce que le site de Gueugnon nous laissait : il y avait les salles sportives comme celle du basket, la salle du judo… Il a fallu reprendre tout ce que l’usine gérait au niveau du sport et il y avait aussi l’accompagnement financier. J’ai eu la chance aussi d’être accompagné, d’être écouté parmi les 29 élus et tous n’étaient pas sportifs… Mon rôle était de faire comprendre aux autres élus du besoin et de l’accompagnement du sport dans notre ville. »

 

Quels sont tes meilleurs souvenirs dans le domaine sportif ?
« Moi qui ai vécu à Malaga, j’ai connu les années Bahamontès, Anquetil, Poulidor… Le vélo a une part importante dans mon cœur et on a eu la chance, pour une ville de 9000 habitants à l’époque, d’accueillir le tour de France à Gueugnon ! C’était inoubliable. J’ai eu aussi le bonheur d’avoir pu accueillir le Tour Féminin et on a eu la chance d’organiser des grands matchs à Jean Laville comme l’Equipe de France Espoirs qui est venue 2 fois. Si j’ai eu cette chance, c’est déjà parce que j’ai passé 35 ans au foot au FCG où j’ai tout connu et aussi parce que je connais beaucoup de personnalités du football et du monde du sport. C’est grâce à l’appui de mes collègues aussi qui ont permis de garder et entretenir ce stade à un haut niveau, on a donc pu accueillir des évènements de haut niveau. Cela a aussi permis d’avoir du rugby à Jean Laville… Le rugby a fait partie aussi en son temps du sport de haut niveau à Gueugnon et j’ai croisé Christian Zembski, un ancien du FCG section rugby lors d’un des premiers match de rugby à Jean Laville… J’ai vu ce garçon pleurer dans les couloirs en disant : « jamais je n’aurais cru que le rugby aurait sa place à Jean Laville…« . Cela fait partie des grands moments ! »

 

Quels sont les projets et objectifs pour ce nouveau mandat ? Il faudra réduire la voilure avec des budgets réduits ?
« Le budget est en cours de confection et je ne sais pas encore de quoi il sera fait cette année. On a perdu 3 mois sur 12 et on va déjà essayer de permettre au tissu associatif gueugnonnais de continuer. On va essayer de les aider du mieux que l’on pourra. Le but est de garder la même voilure que l’an passé sur le plan financier mais il faut anticiper les choses là encore… J’ai repris contact avec le foot et le rugby et j’essaye, avec l’appui du FCG, d’organiser des matchs sur notre stade dans un premier temps un peu comme le match amical OL-Genoa. Mais tout ça dépend aussi de la date de reprise du futur championnat. Par rapport au vélo, mon rêve serait d’avoir un départ du tour de France à Gueugnon… On a eu la chance d’avoir une arrivée et j’espère pourquoi pas un départ. J’ai eu des contacts avec la direction du tour et si on avait la chance d’être sur le tracé d’un tour… Sinon on verra pour d’autres opportunités. »

 

Raconte-nous tes débuts et tes premiers pas dans le foot…
« C’est dans ma ville de cœur à Marcigny où j’ai fait mes premiers pas de footballeur. Une anecdote qui explique pourquoi j’ai joué gardien ? A l’époque, on jouait au ballon prisonnier et comme j’étais assez adroit de mes mains, tout le monde voulait jouer avec moi pour gagner ! Au foot à l’époque, on débutait en minimes et c’est M Fernandez, un ancien pro qui était notre entraîneur. Il était gérant d’Auto-Ecole et tenait un bar à Marcigny. Déjà là le poste de gardien était un poste à responsabilité, c’est celui qui prend des buts… C’est donc mon beau frère qui avait indiqué au coach que je devais jouer gardien parce que j’étais le meilleur au ballon prisonnier (rires). M Fernandez m’a pris sous sa coupe à l’époque où les gardiens commençaient à jouer en demi-volée. »

 

Parle-nous de ton arrivée au FC Gueugnon ?
« Initialement je devais partir au Red Star car j’étais sous la coupe de Moreira, l’entraineur de Marcigny et ancien gardien de but professionnel. J’ai eu la chance de jouer contre Paray le Monial en DH à l’époque et Moreira m’a dit « tu n’as rien à faire dans un club comme ça« . Il voulait m’amener au Red Star sauf que pour mes parents, du haut de mes 19 ans, partir à Paris c’était trop compliqué… Du coup je suis passé par le FC Mâcon pour ma première saison où il y avait un certain gardien de but nommé Dothal qui était très connu à l’époque et de part le règlement, je n’avais pas le droit de jouer avec l’équipe fanion parce que j’étais en première année… J’ai rejoint Montceau car le Directeur Sportif de l’époque, Deschamps, m’avait vu jouer contre eux dans un match où j’avais été dans un excellent jour et où j’arrêtais tout ! Je suis resté au FC Montceau puis j’ai rencontré Nowacki tandis qu’Antoine Trivino venait de signer à Gueugnon. J’ai alors pu rencontrer M Baillet, le directeur des Forges et Président qui m’a convaincu de signer à Gueugnon la même année que l’arrivée de l’entraîneur Nowotarski. »

 

Parle-nous également de ton périple au sein du FCG : joueur, éducateur, responsable des jeunes… Ton action avec le milieu scolaire jusqu’à ton rôle d’intendant général !
« Je suis arrivé à Gueugnon à 24 ans en 1974 et j’ai eu des moments difficiles avec Nowotarski qui a fait ses choix d’entraineur mais qui a été un grand Monsieur. Il a permis au FCG de vivre des années fabuleuses ! J’ai eu la chance de travailler avec Franck Sochan, Georges Bernard et avec un grand Président : Gilbert Pithioud. Une autre personne qui m’a permis aussi de grandir, même s’il a été très critiqué alors que ce n’était pas du tout justifié, c’est Michel Docquiert. Il est cependant arrivé à un mauvais moment… c’est mon avis. J’ai passé 35 ans au club que j’ai quitté en 2009. J’ai été responsable de l’école de foot en 1981 lorsque j’ai remplacé Jean Thevenet qui m’a guidé et qui m’a donné les ficelles. J’avais Daniel Chassin avec moi, Serge Forestier comme responsable des jeunes ou Robert Pichard mandaté par Mr Baillet. J’ai créé les horaires aménagés en 1981 pour les 6e et 5e. Avec Gilles Bertommier, prof de gym, on a créé les classes foot professionnelles à Gueugnon au collège du Vieux Fresne en foot étude en 1984. Ensuite quand on est passé pro, on est allé voir comment Guingamp s’était organisé pour devenir un club professionnel. M Pithioud était ami avec M Le Graet à l’époque président de Guingamp. Moi-même j’étais mandaté pour voir comment étaient organisées les classes de seconde, les premières et les terminales là-bas. On a pu installer cette structure au Lycée de Digoin et c’est moi encore qui ai organisé tout ça. Tout cela a permis d’alimenter le centre de formation dirigé alors par un autre grand Monsieur : Alain Dessoly. Mme Pithioud, enseignante a été une des professeurs du centre. A ce moment là, j’étais employé aux Forges de Gueugnon et en 1992, M Pithioud m’a proposé une embauche au FCG. Jai pris l’intendance générale du club et j’étais toujours responsable des jeunes. On a mis le système médical en place jusqu’en 1998 puis, Bernard Martin est arrivé prendre la relève au niveau des classes Foot pendant que moi, j’ai pris l’accueil des arbitres et des délégués lors des matchs. »

 

Les Trivino sont une institution dans le foot ! Ton Papa jouait en D3…
« Oui, le départ c’était mon père qui était joueur de Division 3 en Espagne à Malaga. C’est quelqu’un de très connu là bas dans cette ville de 500 000 habitants. Les dimanches matin on allait au foot voir les matchs de quartier avec lui et on allait aussi voir les courses de taureaux l’après midi. On allait voir des matchs de D1 et D2 lorsque Malaga jouait à ces niveaux. Je me rappelle que les pelouses à l’époque étaient gardées par la Guardia Civil et nous, avec mon frère Antoine, on avait le droit de jouer sur le terrain durant la mi-temps. J’ai d’ailleurs une anecdote lors d’un match Malaga-Cordoba lorsqu’Antoine avait ébloui les spectateurs par ses qualités tandis que je jouais dans les buts. Antoine est très doué depuis tout petit et faisait déjà l’unanimité. Dans la famille, la mère à Jean Acédo et ma mère sont les 2 sœurs… Concernant mon fils Richard, je ne l’ai jamais poussé… La seule fois où je suis intervenu, c’est avec Michel Delvaux qui s’occupait des gardiens de buts à l’époque et qui m’avait dit qu’il ne pouvait plus rien apporter à Richard. J’ai donc demandé au FCG qu’il prenne Richard au centre de formation pendant une année pour voir s’il avait le niveau… Comme vous le savez, avec tout son travail c’est Richard qui a construit sa carrière (lire Journal d’un forgeron confiné : Richard Trivino). Il y a eu aussi David, issu aussi du centre de formation qui a joué 15 matchs en D1 avec le FCG. Et actuellement, il y a mes 2 petits fils qui font du basket ! Ils font du sport et j’en suis fier. »

 

La ville de Gueugnon est partenaire du FCG. C’est une autre casquette pour toi qui est au comité directeur du club…
« Tout naturellement, quand le FCG nouvelle version recréé par les anciens avec Bernard Canard qui a bien voulu prendre la relève, un comité directeur a été mis en place et la ville de Gueugnon a 2 sièges au comité directeur. Tout naturellement donc, on a mis l’adjoint au sport et son conseiller délégué : Michel Tchou la première année et Pierre Collet la seconde. Pierre que je salue aussi par rapport à ce qu’il a fait… C’est un sportif de très haut niveau et il a fait un travail remarquable depuis 6 ans ! Dans l’ombre comme il sait faire… Il m’a beaucoup apporté et beaucoup aidé. Aujourd’hui, c’est Guy Clopin qui sera à mes côtés. »

 

Peux-tu nous parler de l’équipe de cette saison ?
« Nous sommes dans ce championnat de National 3 qui est un championnat très compliqué parce que pour une montée il faut une saison exemplaire et sans faute… On sentait que c’était sur la bonne voie en début de saison mais malheureusement, on a eu la malchance de tomber sur une réserve professionnelle d’Auxerre qui a d’autres moyens que nous. Il faut aussi remettre les choses à leur place. Dans le temps grâce à notre grosse entreprise qui a fait aussi un travail énorme par rapport au sport et au football, cela nous a permis d’avoir des moyens mais ce sont des moyens que l’on ne possède plus. Aujourd’hui, avec très peu de moyens, que ce soit le club ou la ville, il y a moins en moins de possibilités. Nous, la ville, nous nous retrouvons avec un stade digne d’une L1 et ce stade nous coûte cher à tous… Il faut savoir qu’aujourd’hui si les clubs pro paient les installations, ici c’est nous, c’est la ville de Gueugnon qui paie.
Concernant cette saison, j’ai été heureux et frustré en même temps car cette équipe nous a redonné du plaisir et de l’espoir ! Cela a remotivé un peu tout le monde. Aujourd’hui je suis persuadé qu’il y a cette flamme qui est là, il y a encore cette envie qui est là et je pense que grâce à ces gens et au dévouement de chacun, je pense que ça finira par payer… On y arrivera même si c’est compliqué ! Cette année, on y a cru jusqu’au bout même si on n’a pas pu aller jusqu’au bout de la saison… On pensait tous que « tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir« , on a été pro aussi par le passé et sur une fin de saison d’une équipe réserve avec des joueurs en attente de connaitre leur sort… On pouvait penser que eux aussi pouvaient avoir un passage à vide à leur tour…. Malheureusement, on ne saura jamais mais aujourd’hui, on a soif de voir l’avenir car je suis sûr que ça finira par payer et à la vue des installations que l’on a, on est pas aussi loin de la N2 voir du National… En fait on ne sait pas. »

 

Je te laisse le choix de conclure sur ce que tu souhaiterais sur ce déconfinement phase 2…
« L’anticipation ! Toujours dans ce cadre là, j’espère que pour le mois de septembre qui va vite arriver, nous serons sortis de cette période COVID et que l’on va revivre en se rapprochant de la « vie normale« . Que nos activités, nos associations sportives et surtout notre tissu associatif gueugnonnais retrouve la vie qu’il avait par le passé. Je crois particulièrement en l’avenir et qu’il nous réservera de belles choses. Je souhaite bon vent à toutes et à tous ainsi qu’à tout notre tissu associatif, la ville de Gueugnon s’efforcera et continuera d’aider du mieux qu’elle le pourra. »

 

Merci à Piero et Christophe pour ces mots.
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Retrouvez nos interviews et notre série « journal d’un forgeron confiné« 

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