[Interview] Journal d’un forgeron confiné : Richard Trivino

Alors que la France est confinée et que le football est à l’arrêt, Piero a pris son micro pour interviewer nos forgerons !

micro interview

Piero : Richard, comment vas-tu et que deviens-tu ?
Richard Trivino : « Tout va bien actuellement durant ce confinement. Je m’occupe de tout à distance : je gère ma salle de sport qui est fermée actuellement, je gère l’administratif et je gère le club à distance… Je bricole comme tous les français, on fait du rangement, on s’occupe… »

 

Comment ça se passe pour l’Orange Bleue Gueugnon, ta salle dont tu es responsable ?
« Nous sommes fermés depuis le confinement. On suit les activités, la plupart des salariés sont au chômage partiel mais on essaiera de réouvrir le 11 mai selon ce qui sera décidé et selon la case dans laquelle on sera mis. »

 

Peux-tu nous présenter ta salle ?
« Nous sommes entre 400 à 450 adhérents actifs à Gueugnon. En temps normal c’est musculation, cours collectifs avec des profs. Aujourd’hui on pallie à tout ça avec des cours à distance via Facebook où l’on a une page et un groupe que l’on a créé pour que les gens puissent suivre leurs cours à distance avec les profs et ainsi faire du sport. Le groupe Orange France propose également des séances tous les jours sur Facebook pour que les gens puissent faire du sport chez eux. »

 

Richard, revenons au foot… Pourquoi aimes-tu le foot et pourquoi le poste de gardien ?
« Mon père (ndlr: Christophe Trivino) était gardien et j’ai toujours trainé au stade ou sur les terrains avec lui quand j’étais petit. Au début, j’ai commencé par la gym parce que le foot, je n’accrochais pas trop… Puis un jour j’ai pu partir avec lui faire un déplacement et j’ai pris le virus ! J’avais alors 6 ans… Pourquoi avoir choisi le rôle de gardien ? Je pense qu’il faut avoir un grain en moins déjà pour ce poste car c’est un rôle extrêmement à part. J’ai eu envie d’y jouer comme mon père puis, comme joueur de champ je me considère comme un joueur plutôt moyen. Et à l’époque, le gardien jouait à la main. »

 

En effet, le rôle du gardien a beaucoup évolué depuis tes débuts !
« Oui effectivement, moi en jeune je n’avais pas de formation aux pieds. Je reprenais la balle à la main et on pouvait donner la balle à un défenseur et la reprendre à la main… Le gardien était le dernier rempart. C’est par la suite, quand je suis parti de Gueugnon pour Créteil, que j’ai travaillé énormément mon jeu au pied. C’est devenu une force et le rôle gardien est devenu limite libéro durant cette époque ! Il ne reste plus sur sa ligne et peut participer au jeu et jouer plus haut…. Mais cela reste toujours le poste le plus ingrat du foot ! Vous ne faites qu’un arrêt et on va conclure que vous n’avez rien eu à faire durant le match mais, si tu ne le réussis pas à 0-0, et bien tu perds le match ! »

 

Qui était ton modèle de gardien ?
« J’ai eu pour modèle Eric Durand à l’époque quand j’étais jeune ramasseur de balle, j’étais derrière la cage. Puis j’ai eu le même formateur que lui : Jean-Jacques Emorine ! A l’époque au niveau national, je n’avais pas de modèle hormis Pascal Olmeta que j’adorais parce qu’avec lui, c’était le football plaisir ! Il était un peu fou comme beaucoup de gardiens… Par la suite, j’ai joué sur mes acquis avec Jacques Emorine et j’ai eu eu la chance de n’avoir que des supers formateurs comme Serge Forestier, Michel Delvaux et Jacques Emorine… J’ai eu la chance de n’avoir côtoyé que des bons gardiens ! »

 

Il y a une institution de bons gardiens à Gueugnon !
« Il est vrai qu’avec des formateurs de cette qualité et qui ont été des grands gardiens, ce rôle de gardien ne pouvait être que de qualité. Il ne pouvait pas y avoir d’erreur à l’intérieur du club ! Il y avait des spécialistes qui faisaient du bon boulot »

 

Toi-même actuellement, lorsque tu recrutes un gardien, tu sais de quoi tu parles !
« Oui ! C’est sûr je n’ai pas le droit de me tromper sur le gardien de but… Je n’aime pas me tromper déjà sur un attaquant mais surtout pas sur le gardien de but (rires). »

 

Quel est ton avis sur les rôles pas forcément faciles de deuxième ou troisième gardien ?
« Personnellement, j’ai été 3e gardien lorsque j’étais jeune derrière Ali Boumnijel. On pense juste à jouer le plus tôt possible même si on n’a rien prouvé encore… C’est un passage normal quand on débute… Pour moi, j’aime que les rôles soient distribués dès le départ. Je n’aime pas le système où il y a un titulaire par alternance comme on a pu le voir au PSG entre Trapp et Buffon… Le gardien titulaire et son numéro 2 doivent être désignés au départ et si le numéro 1 ne pas fait l’affaire, alors on prend le numéro 2. »

 

Après cette semaine anniversaire des 20 ans du titre en Coupde de la Ligue, peux-tu revenir pour nous sur la séance de tirs au but en demi-finale contre le Red Star ? Pour rappel, tu qualifies le FCG sur le dernier tir dans un duel de gardiens face à Jean-Marc Branger !
« Quand tu es gardien et sur une série de penaltys, tu y vas. On ne se rend pas compte de la durée, on ne s’aperçoit pas du temps qui passe… On est concentré mais par contre, cela devait être interminable pour les supporters ! C’est donc Jean Marc Branger qui a tiré d’abord. Je me suis dit : « il va croiser son tir, il est droitier et il va la mettre à ma droite parce que c’est un ancien pied droit. Il va la mettre à droite et il va chercher compliqué…« . C’est tout simplement pour ça que je suis parti à ma droite ! Son ballon est parti très loin ! Quasi au milieu de terrain et je suis moi même allé récupérer ce ballon ! En revenant, je me tapais sur la poitrine en me disant : « c’est moi qui vais marquer le dernier« . Depuis le milieu de terrain, je ne regardais que le côté droit de la cage en me disant : « Jean-Marc me prend pour un bleu et pense que je vais la mettre de l’autre côté, que je suis un gamin qui va la croiser« . Puis il est parti de l’autre côté… Très honnêtement j’étais sûr de moi à ce moment-là ! »

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Et sur cette finale de la coupe de la Ligue face au PSG, qu’avais-tu en tête ?
« Je sais qu’on est rentré à la mi-temps contents d’arriver à 0-0. C’était quand même le PSG et on aurait même pu mener… Puis on s’est pris une chasse par le coach qui nous a dit : « vous n’allez pas laisser passer votre chance, il faut la jouer !« . Puis, on a marqué sur un contre au moment où on le méritait le moins… On a su faire le dos rond. Ce match là, on le joue 10 fois, on le perd 9 fois… Par contre on aurait pu jouer ce soir là pendant 3 heures qu’ils n’auraient jamais pu nous battre… »

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J’ai l’impression que cet exploit jamais égalé (ndlr: le FCG est le seul club de L2 à avoir remporté la coupe lors de l’unique défaite du PSG en finale de la coupe de la Ligue) a été banalisé ?
« C’était bien un authentique exploit de battre un des leaders de la L1. Quasi à domicile puisque c’était à Paris et on reste le seul club de L2 à avoir gagné cette coupe. C’était pourtant intéressant pour les clubs de L1 car le titre était qualificatif pour jouer la coupe d’Europe ! Et il y avait un fort enjeu financier… Donc oui, ce n’est pas banal de battre le PSG, 2e du classement de L1 quasi chez lui, au stade de France… »

 

Après ta longue carrière pro et un passage à Digoin, tu es revenu au FCG…!
« Je voulais arrêter à Digoin afin de connaitre le monde amateur et m’arrêter ensuite. Puis on s’est rencontré autour d’un café avec Eric Boniface et Philippe Correia et on s’est dit : « pourquoi ne pas aider le FCG à retrouver au moins le CFA2 ?« . Du coup, on a rencontré le président Bernard Canard et c’est parti comme ça. On avait un projet sur 2 ans pour monter et on est monté miraculeusement la première année. Quand j’ai joué à Digoin, c’était du loisir et au FCG, c’était pour rendre service à mon club de cœur qui était reparti de zéro. »

 

Comment vous organisez-vous et communiquez-vous avec le staff durant le confinement ?
« Cela se passait normalement juste avant le confinement : on allait aux vestiaires voir les joueurs et le staff et puis le championnat s’est arrêté. Au début du confinement j’ai fait beaucoup d’administratif avec mon épouse et j’étais très occupé avec la fermeture des salles . Désormais, tout se passe par téléphone. J’ai souvent Philippe Correia, Bernard Martin ainsi que Christophe Noluveau, le Directeur Général. Le président m’appelle pour avoir des nouvelles et j’ai souvent Guy Clopin aussi. On avait gardé ce rythme de fonctionnement et depuis 8 jours, ça s’accélère avec Philippe…. »

 

Quel est ton ressenti sur cette belle saison du FCG ?
« On fait une très bonne saison jusqu’à l’arrêt. On n’a concédé que 4 défaites et c’est plutôt remarquable. Dans les autres groupes, on serait premier ou on jouerait la montée à 1 point… Mais dans notre groupe, on est à 7 points du leader ! Nous faisons une très bonne saison mais l’AJ Auxerre une saison exceptionnelle !! On a eu la malchance de tomber sur un Auxerre invaincu avec 0 défaite et 3 nuls… »

 

Tu avais senti que cette équipe savait voyager ?
« C’est une équipe qui joue et vit super bien ensemble. Il y a eu une très longue et bonne période où l’équipe a marché sur l’eau puis nous avons eu un petit coup de moins bien… Mais ça c’est le lot de toutes les équipes, même les plus grandes ! On a vraiment un groupe soudé prêt à s’arracher. »

 

7 nouveaux joueurs ont intégré le groupe des titulaires. Vous avez réussi avec Philippe Correia à remodeler une belle équipe avec tout un staff élargi !
« Avec Philippe, nous avons eu pas mal de reproches de s’être séparé de beaucoup d’anciens… Mais on avait l’ambition avec Philippe de repartir de quasiment zéro même si on a gardé des joueurs qui correspondaient aux cadres. Ce n’était pas des choix humains mais des choix sportif. Je n’ai aucun problème avec les joueurs qui sont partis mais le problème était qu’il y avait trop de joueurs présents depuis plusieurs saisons et qui étaient tombés dans un rituel normal et routinier… Nous nous sommes dit qu’il fallait casser ce mode de fonctionnement. Maintenant, cela nous donne raison même si au départ, on n’avait aucune certitude… Avec Philippe, on travaille beaucoup à l’affectif… Cela a ses avantages et ses inconvénients. Et puis le FCG a un mode de fonctionnement que certains clubs de National n’ont pas ! On a un suivi médical qui est exceptionnel, on a un préparateur mental qui a fait un gros boulot ! On a un staff avec un entraineur, un entraineur adjoint, Guy Clopin qui s’occupe de l’équipe et la partie RH, Michel Berthommier qui s’occupe de l’administratif et des équipements des joueurs… Tout ce monde accompagne l’équipe. On a un fonctionnement digne d’un club de National et tout cela avec des bénévoles en plus. »

 

La décision est tombée : le championnat de N3 est terminé à la date du dernier match. Comment juges-tu cette décision alors qu’il restait encore 8 rencontres ?
« Je suis un compétiteur et pour moi, la saison n’était pas encore finie… J’avais rencontré les joueurs avant le confinement et je leur avait dit : « les gars, on va aller chasser Auxerre « ! Les joueurs n’avaient pas lâché et on était tous unanimes, on n’allait pas lâcher c’est certain. Maintenant, la saison est désormais finie et Auxerre qui a fait une saison exceptionnelle mérite sa montée. En ce qui concerne cette décision, c’était impossible à prendre quoi qu’il arrive… Ils allaient faire des heureux et des malheureux. Moi j’étais plus pour faire une saison blanche et repartir l’année prochaine avec le même nombre de points d’écart, c’est à dire qu’on serait reparti avec 7 points de retard sur Auxerre… Quand on arrête un match à la 60e, le résultat n’est pas entériné alors pourquoi entériner un championnat qui s’arrête à 60% des journées jouées ?
Après je respecte bien sûr cette décision qui n’était pas facile voire impossible à prendre… Je pense qu’ils ont pesé le pour et le contre et s’ils ont fait comme cela, c’est qu’il fallait le faire comme ça… Néanmoins, il restait 24 points à prendre encore et seules les équipes avec 25 points d’avance étaient sûres de monter… »

 

Dommage aussi pour l’équipe séniors B qui n’était pas loin de la montée en R1 !
« Oui ! C’est certes discutable et on ne sait pas comment le championnat se serait terminé tant le classement était serré. J’ai une pensée aussi pour Sens dans notre groupe de N3 qui était à 2 points de se sauver à 8 matchs de la fin… Cela doit être dure à digérer cette descente ! »

 

Après le 11 mai, il faudra vraisemblablement reconsidérer cette partie de la saison en pensant à la future reprise générale du championnat ?
« Les joueurs avaient un programme que Philippe et Bernard avaient mis en place pour la période de confinement. On réfléchit déjà sérieusement pour la reprise mais malheureusement, on ne connait pas encore les dates… On parle du 15 juillet… On reprendra de toute façon 2 semaines avant pour faire une reprise plus progressive ! »

 

La France est confinée aujourd’hui depuis de longues semaines. Qu’as-tu envie de dire à la vue de la situation actuelle ?
« On a parlé de foot mais tout ce qu’on s’est dit doit passer après la fin de cette pandémie. C’est ça la priorité surtout, de reprendre la vie normale. Le foot est secondaire, la seule priorité c’est la santé de tout le monde. Il faut continuer de faire les gestes barrières et de respecter le confinement afin de bien prendre soin de sa propre santé.
Ensuite, j’aurais envie de dire merci aux joueurs car 80% des bons résultats de l’équipe sont dus à vous les joueurs ! Ni moi, ni le Président, ni Philippe n’étaient sur le terrain… Nous on leur donne les ingrédients et on les aide avec le suivi médical, la préparation mentale, on essaie de recruter au mieux, on a fait un petit stage… Donc merci et félicitations aux joueurs. J’aimerais féliciter les ultras aussi ! Quand j’ai revu les images de la demi-finale du Red Star, j’ai vu Olivier Degrange et Daniel Lautissier et quand je vois des images en N3, à nouveaux les mêmes Degrange et Lautissier ! Je me dis quand même que sont des sacrés fadas ! Aujourd’hui si on y arrive, c’est grâce aux joueurs, au staff, aux dirigeants, au Président, aux partenaires, aux bénévoles et aussi aux Ultras ! J’ai aussi envie de dire à tous nos partenaires : « ne nous lâchez pas« , cette année on aura encore plus besoin d’eux… Puis, je dirais aussi à tous ceux qui gravitent autour du club qu’ils ne s’inquiètent pas : il n’y a que des amoureux du club qui s’occupent du FCG ! »

Merci à Piero et Richard pour ces mots.
N’oubliez par de prendre soin de vous et de vos proches #ForgeronFamily !

> Retrouvez nos interviews et notre série « journal d’un forgeron confiné« 

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