[Interview] Journal d’un forgeron (dé)confiné : Mickaël Bray

Alors que la France est sortie du confinement, Piero n’a pas lâché son micro et poursuit les interviews nos forgerons !

micro interview

Piero : Mickael, comment vas-tu et comment as-tu vécu cette période de confinement et de déconfinement ?
Mickaël Bray :
« J’ai été en télétravail durant le confinement avec notre usine FPT à Bourbon Lancy. Les premiers temps sont passés relativement vite car cela a largement occupé mes journées et le temps m’est apparu moins long. J’ai essayé aussi de garder un rythme d’entrainement car on avait une inconnue sur la durée du confinement, finalement ce fut du provisoire qui a duré… On se maintenait en forme au cas où le championnat aurait redémarré. Nous les arbitres, nous sommes comme les autres sportifs, si on s’arrête quinze jours on perd la condition et il faut repartir à zéro. Au départ j’ai travaillé sur du fractionné de courses en respectant les mesures du confinement. J’ai la chance d’habiter à la campagne et d’avoir un peu de terrain du coup, c’est moins monotone que ceux qui habitent en appartement ou en plein centre-ville. Pour le déconfinement du 11 mai, je suis retourné à l’usine en présentiel cette fois. »

 

Peux-tu nous parler de ton entreprise et de ton travail ?
« Je travaille chez FPT à Bourbon Lancy qui a connu le confinement le 16 mars. On a repris et ouvert les portes le 4 mai. Pour ma part, j’y suis retourné un peu avant pour préparer la reprise parce que je fais partie du service logistique et qu’il fallait assurer l’approvisionnement pour faire en sorte que l’on soit prêts. Je fais partie du service approvisionnement et je suis en relation avec les fournisseurs qui ont aussi subi la crise de plein fouet… 85% d’entre eux viennent d’Italie ! Heureusement, on a pu être en relation avec eux assez tôt par le télétravail et les liaisons informatiques afin de communiquer et anticiper tous nos besoins. FPT est une usine qui compte 1200 employés et qui fabrique des moteurs pour les poids lourds et les machines agricoles principalement. On fournit des client qui sont en Italie, Espagne, en Amérique du Nord ou pour pays tiers comme la Corée. On travaille principalement pour Iveco au niveau des poids lourds et pour les machines agricoles du groupe Case et New Holland. »

 

Revenons au foot ou tu as débuté en tant que joueur ?
« J’avais 5-6 ans pour mes débuts. J’étais dans un petit club qui s’appelait le Ballon Rond Cressyçois de Cressy sur Somme. Malheureusement ce club n’existe plus comme beaucoup de petites équipes de campagne… Par manque de personnel et de joueurs. J’ai ensuite rejoint l’entente de Maltat-Vitry qui s’est créée et par la suite puis je me suis dirigé à Bourbon-Lancy où j’ai joué durant 3 années et où j’ai commencé l’arbitrage. J’ai joué jusqu’à mes 18 ans avec le statut de joueur et arbitre en même temps. »

 

Le foot c’est un peu une affaire de famille ! J’ai souvent aperçu ton père à Jean Laville…
« Je pense que oui. C’est lié indirectement parce que mon papa a été bercé dans le foot depuis de nombreuses années. Il m’a emmené depuis tout petit sur les terrains et c’est ce qui a fait que c’est devenu une passion pour moi. Il y a été aussi un peu pour l’arbitrage parce qu’il a également été arbitre auxiliaire. Il a été au moins 20 ans dans l’arbitrage et il m’a dirigé vers Sébastien Bourg, un autre arbitre qui est également le président actuel du club de Bourbon-Lancy. C’est lui qui m’a sollicité en me disant qu’il avait besoin d’arbitres au club et j’ai donc décidé d’arbitrer pour le club de Bourbon-Lancy. Mon père devait se recycler à ce moment là et il m’a emmené avec lui pour ma formation d’arbitre où j’ai réussi mon examen. »

 

Selon toi, quelles sont les qualités à avoir pour arbitrer ?
« Il faut une bonne capacité de communication. C’est une composante de l’arbitrage qui est devenue incontournable aujourd’hui… Il faut pouvoir bien communiquer auprès des joueurs ou de l’encadrement et des bancs de touche. Il faut aussi être un athlète en fin de compte car cela demande des capacités physiques. Tout va plus vite et on nous demande d’être performants et d’avoir des résultats nous aussi. En tant que juges, on doit bien sur être impartial. Il faut qu’on soit capable de prendre les bonnes décisions et ça passe par des capacités physiques mais aussi théoriques. C’est-à-dire de maitriser les lois du jeu parce que le résultat de la partie en dépend…. On dit souvent qu’un arbitre peut faire basculer un match ! »

 

C’est un rôle difficile ? Il ne faut non plus se laisser influencer par l’ambiance, le public, les bancs de touches…
« C’est difficile et cela demande du courage parce qu’il faut prendre des décisions qui ne seront pas forcément très populaires ni très appréciées sur le moment… Ces décisions proviennent de notre propre libre arbitre et dans le respect des règles du jeu. Concernant le fait d’être influencé, ou plutôt d’avoir un stress supplémentaire je dirais, c’est une composante qui peut engendrer un doute en fait… Le public essaie d’influencer mais il ne faut pas oublier qu’un arbitre prend ses décisions au mieux de ses capacités et de ses connaissances. En aucun cas il ne le fait contre quelqu’un mais toujours dans l’équité sportive. Les objectifs premiers d’un arbitre : ne pas influencer le score et protéger les joueurs. Ce sont nos 2 missions majeures. »

 

Comment es-tu arrivé au FCG après la période Bourbon-Lancy ?
« A l’époque, j’avais quitté Bourbon-Lancy et je suis resté arbitre indépendant pendant 2 ans. Mon club c’était le District. J’ai été contacté par le FCG en 2011-2012 après la période noire du club. A la reconstruction du club, ce sont 2 anciens du club : Vincent Stropoli et Michel Berthommier qui m’ont contacté. Je les avais côtoyé à Bourbon-Lancy lorsqu’ils étaient entraîneurs du club et ils connaissaient également mon père. Tout a un peu coïncidé et le club repartant sur des bases nouvelles, j’ai décidé de le rejoindre. On reste attaché à ce club qui reste une figure en Bourgogne et en France. Il a une forte identité et je fais partie de ceux qui aime le FCG. »

 

Tu es arbitre au FCG mais pas que ?
« Je suis le référent à l’arbitrage. Je suis le relais du club sur toute l’équipe arbitrale du FCG. On nous demande des effectifs au niveau des statuts et des règlements… Dans le cadre de la formation de nos arbitres qui sont principalement des départementaux, j’essaie de les accompagner dans leurs questionnaires de travail continu fait par le district et la commission d’arbitrage. On organise aussi des soirées consacrées à l’arbitrage… En tant qu’arbitre et formateur des arbitres, je peux aussi apporter mon expérience et mes connaissances aux joueurs séniors en début de saison. J’ai aussi coordonné des sessions de formations et d’information pour les joueurs seniors durant l’été. »

 

On te voit régulièrement sur le banc de touche lors des matchs à Jean Laville. Quel est ton rôle ? Est-ce difficile de rester neutre dans ces cas lorsqu’on est forgeron ?
« (Rires) Je dirais qu’en tant qu’arbitre, ma « déformation professionnelle » m’aide à rester neutre malgré tout… Je sais comment réagissent mes collègues qui officient, je les connais pour la plupart et je comprends leurs sentiments forcément puisque parfois, je suis dans leur situation. Cela m’aide à prendre du recul car je comprends qu’il faille prendre une décision et qu’il faut la respecter. »

 

Le FCG a longtemps souffert du manque d’arbitres comme c’est le cas pour bien des clubs… Qu’en est-il à présent ?
« Ca a été un travail de longue haleine fait par tout l’encadrement du club, à tous les niveaux et à commencer par Christophe Noluveau qui m’aide. A tous les niveaux du club on a parlé de l’arbitrage comme par exemple auprès de nos jeunes pour essayer de les inciter à franchir le pas, ou du moins à s’y essayer… On s’est également retrouvé avec 2 joueurs de l’équipe A qui ont fait la démarche de passer leur examen d’arbitre officiel ! Aujourd’hui le bilan est positif et le club est en règle avec les statuts avec un nombre suffisant d’arbitres. »

 

Est-ce que les jeunes arbitres gueugnonnais finissent par aimer l’arbitrage ?
« Ils se sont pris au jeu en fin de compte car avoir des responsabilités les aident à se développer sur le plan personnel. On peut commencer très tôt l’arbitrage et ça aide à grandir et à développer sa propre personnalité. J’en profite pour dire que le club accueillera également avec plaisir les filles et les féminines qui seraient intéressées par l’arbitrage ! »

 

Justement, les femmes arbitres pourraient arbitrer des matchs masculins jusqu’à la N3 ?
« Il n’y a aucune restriction de genre en fait. Elles peuvent très bien arbitrer des championnats masculins ou féminins et aujourd’hui, on a un effectif d’arbitre féminines en Bourgogne qui est relativement conséquent à tous les niveaux. En N3 nous avons déjà eu des arbitres féminines. »

 

Tu as du vivre des moments qui t’ont marqué en tant qu’arbitre ? Je crois savoir que tu as une anecdote avec un grand du monde du football ?
« Oui, une anecdote qui est marquante quand on est à ses débuts. Un jour à Auxerre, j’étais arbitre assistant et j’ai eu une remarque d’une personne derrière moi qui n’était autre que Guy Roux sur le banc de touche. Il suivait ses équipes jeunes de l’AJA et il m’avait fait gentiment remarquer que je n’étais pas très aligné sur une équipe visiteuse. J’ai eu la chance d’être « conseillé » par Monsieur Guy Roux ! »

 

Les règles du football évoluent ! Cette année, il y a eu encore des changements avec les fautes de mains ou bras…
« En fait, les règles ont été ajustées pour donner plus d’infos pour le public et pour les arbitres. Cela permet de décider le mieux possible. Les fautes de mains en général sont compliquées et fréquemment discutées mais l’IFAB qui gère les lois du jeu a décidé de porter le plus de détails possibles pour faciliter la prise de décision et surtout pour uniformiser les décisions, que tous les arbitres prennent les mêmes décisions… Un exemple simple : si les bras sont décollés du corps, on dira qu’on augmente la surface corporelle, ces mains seront obligatoirement sifflées ! Il reste une petite nuance si la frappe du joueur est si forte que le joueur n’aurait pas eu le temps de retirer sa main ou s’il se protège une partie de son corps avec sa main… »

 

L’arbitre de champ et ses assistants fonctionne comme une équipe ?
« C’est une vraie équipe à tous les niveaux : au niveau international ou fédéral. Les trois personnes sont souvent les mêmes, surtout à l’international, pour favoriser la cohésion. Au niveau régional et départemental, ce sont des équipes qui sont convoquées tous les week-end et on doit créer une vraie osmose pour pouvoir opérer. L’arbitrage à trois veut dire : se partager les tâches pour une meilleure performance possible. Il faut reconnaître que l’arbitre central ne peut pas arbitrer seul. »

 

T’est-il déjà arrivé d’avoir des regrets d’après match sur une prise de décision ?
«Bien sûr  ! Et c’est très dur… C’est très compliqué à gérer sur le retour d’après match parce qu’on refait le match, on revoit l’action… Il ne faut pas oublier que les arbitres rentrent souvent tout seuls à la maison et 300 km dans une voiture, si on a un doute sur sa décision… Cette remise en question est dure à gérer. Dans l’arbitrage, il faut sans cesse se remettre en question et aller de l’avant, se projeter sur le week-end d’après pour essayer de s’améliorer, en discuter avec ses collègues pour prendre des avis, des informations et voir comment le collègue aurait fait dans ce cas. Il faut essayer de s’améliorer pour être meilleur le week-end d’après. »

 

Je me rappelle de grands noms de l’arbitrage comme MM. Collina ou Turpin… As-tu eu des arbitres modèles ?
« On essaie d’étudier les attitudes d’autres arbitres, de voir comment chacun fait pour s’approprier sa propre personnalité arbitrale. Si je n’ai pas d’arbitre modèle à proprement parler, j’essaie de prendre un peu sur tous les matchs quel que soit le niveau : les petits trucs, les attitudes de chacun… Tout ceci afin d’essayer de trouver des astuces pour m’améliorer. Certains arbitres sont très forts en communication et si on prend l’exemple de Collina qui est une figure majeure de l’arbitrage, il avait une vraie attitude et une vraie personnalité qui marque ! »

 

Désormais tu prépares la reprise pour la prochaine saison ?
« Comme pour les équipes, les arbitres sont classés et il y a des montées et des descentes tous les ans… Pour l’instant, nous n’avons pas encore les décisions pour notre saison actuelle mais je me projette déjà sur la prochaine saison à venir en effet. Je continue le travail théorique, la commission régionale d’arbitrage nous a envoyé des vidéos sur la formation continue, des questionnaires via des petits jeux sur internet pour garder une relation avec nous. Pour la condition physique, j’essaie de m’entraîner un peu pour garder la forme… On va tâcher d’entretenir la condition pour la reprise ! »

 

Tu as vu le FCG à l’œuvre à domicile. Comment juges-tu le parcours de notre équipe fanion cette saison ?
« Je ne suis pas bien placé pour parler technique. Je vais juste parler d’un point de vue global : l’équipe a fait un très très bon début de championnat et on a vu de beaux matchs. On a perdu un match important contre notre concurrent direct à la montée : Auxerre. Cela s’est suivi d’une petite baisse de régime qui nous qui nous a coûté cher. J’ai trouvé l’équipe particulièrement forte et homogène dans tous les compartiments du jeu. Les arbitres et délégués avec qui j’officiais ont d’ailleurs trouvé qu’on avait une bonne équipe cette année avec une défense solide. Je pense que le départ d’Omar Wade qui avait un quota de buts relativement impressionnant durant la mi-saison nous a certainement handicapé et impacté en terme de rendement… sans vouloir rien enlever aux autres joueurs présents sur le terrain bien sûr ! »

 

Je te laisse la parole maintenant pour parler de cette période de confinement et l’après…
« Je souhaite le meilleur à toutes et tous en cette période. Il faudra que l’on fasse attention et que l’on prenne soin de soi, de ses proches et de tout le monde d’une manière générale pour sortir de cette période compliquée et un peu incertaine. Il faut sortir dans les meilleures conditions possibles de cette situation afin de retrouver la sérénité dans notre vie… Et sur les terrains ! Ça sera un signe que tout irait mieux… La santé d’abord le sport après ! »

 

Merci à Piero et Mickaël pour ces mots.
N’oubliez par de prendre soin de vous et de vos proches #ForgeronFamily !

Retrouvez nos interviews et notre série « journal d’un forgeron confiné« 

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