[Interview] Journal d’un forgeron confiné : Olivier Degrange

Alors que la France est confinée et que le football est à l’arrêt, Piero a pris son micro pour interviewer nos forgerons !

micro interview

Piero : Olivier, comment vas-tu et comment vis-tu actuellement ?
Olivier Degrange : « C’est compliqué car comme tout le monde, je suis confiné. C’est dur de ne voir personne ou pas grand monde… Moi je suis en appartement et mes seules sorties sont consacrées à celles du chien. Je fais donc le tour du quartier. Le matin je m’occupe sur internet et les réseaux sociaux, je regarde les informations et je surveille ma boîte mail… Je suis toujours à la recherche d’emploi et ce n’est pas évident non plus de ce côté-là. Les après-midi c’est souvent « après-midi télé« , des rétros de course cycliste comme la série des Paris-Roubaix, il y a plein d’épreuves dont on se rappelle plus ou moins, et des rétros sur le sport en général… J’arrive à m’occuper. »

 

Le confinement est actuellement prolongé jusqu’au 11 mai…
« J’ai bien peur que la fin du confinement soit pour plus tard… C’est surement une date pour faire patienter les gens. C’est un effet psychologique pour faire prendre patience aux gens, il vaut mieux le dire comme ça : peut être le 11 si tout va bien. »

 

Ces derniers temps, tu faisais beaucoup de vélo avec de nombreuses et longues sorties. Maintenant comment fais-tu pour compenser un peu ?
« Je suis malade, j’ai une BPCO et je fais parti des personnes à risque. Afin de stabiliser cette maladie, le docteur m’a conseillé de faire des efforts physiques pour mieux oxygéner les muscles. Donc je me suis mis au vélo, je faisais des sorties régulières de 3 à 4 heures avec les cyclos 2 fois par semaine. Depuis, avec le confinement, tout s’est arrêté et il me restait l’activité physique à la maison. Pour pallier à cela, j’ai réussi à trouver un vélo d’appartement grâce aux réseaux sociaux ! Un voisin qui en avait un et dont il ne servait pas me la prêté et désormais, je fais du vélo d’appartement histoire de m’entretenir un peu. Cela n’a rien à voir avec le vélo de route mais ça permet de faire tourner les jambes. J’en fait 30 à 45 minutes par jour. »

 

Comment t’es venu ton amour pour le Football ?
« Cela date de très loin. Mes plus jeunes années en 1977 où mon père m’emmenait voir les matchs. J’ai connu l’épopée 1979 du FCG (ndlr: parcours en coupe de France + titre de champion de D2). Forcément j’ai pris passion très jeune pour ce club. J’ai joué aussi quelques années à l’école de foot, 3 ans environ. Mais par contre, je n’ai jamais fait de match… En fait je n’étais pas bon footballeur (rires). »

 

Tu aimes aussi le vélo ? On te croise sur les courses cyclistes et tu es régulièrement mentionné dans les Rois de la Pédale à travers les réseaux sociaux !
« C’est un peu la même chose… J’ai vécu jeune la période Bernard Thevenet, notre champion Charolais. C’était le coureur du coin et à ce moment là, je le suivais notamment à la télé sur le tour de France. Je me suis pris au jeu aussi pour ce sport. »

 

Tu es supporter mais également « Ultra« . Peux-tu nous définir la différence entre les deux et de ton parcours en tant que tel ?
« C’est en 1985/1987 que l’on est devenu ultras. On allait au stade avec mon père et avec une bande copains. On avait été en déplacement en bus quelque fois avec les supporters et il y avait aussi une figure : Jean-Louis Collaudin qui faisait le tour du stade avec son drapeau. Moi j’avais un pote, Alain, qui allait voir des matchs au Parc des Princes et qui connaissait les Ultras. Il travaillait à Paris mais il habitait Gueugnon et venait aussi au match à Jean Laville… Il m’a dit : « pourquoi ne pas créer un groupe plus actif pour le FCG pour supporter l’équipe lors des matchs ?« .  Parallèlement il y a eu à cette époque l’épopée du coté de Marseille avec des tifos, des animations, du public marseillais qui m’a impressionné… C’est donc en 1987 qu’on a créé le groupe « Ultras Forgerons« . Cela n’a pas toujours été simple pour nous intégrer car le terme Ultra n’est pas très bien vu en fin de compte… La différence outre les animations, tifo et chants, c’est qu’un ultra on est plus « fanatique »… Si on regarde la définition de fanatique, cela donne : « Qui a une passion, une admiration intense« . On est certaines fois provocateurs vis-à-vis de l’adversaire, mais c’est de bonne guerre et c’est afin de mettre la pression sur l’adversaire… On est dans le chambrage le temps du match. De toute façon, au cours d’un match il y a toujours une rivalité et une opposition avec le club adverse ! Nous, on est là pour défendre notre club et l’encourager quoiqu’il arrive.
Personnellement, je suis un passionné du club, un supporter inconditionnel… »

 

Même lors de la descente aux enfers du club vous avez toujours été là pour le club des forgerons !
« Oui et on avait même soutenu à un certain moment un des projets d’avant 2011 pour remettre le club à flot… Cela nous avait été reproché mais en fait, nous n’avons jamais changé notre fusil d’épaule. On était pour le sauver et soutenir le club quelques soit le moment de la vie du club… Même certaines banderoles virulentes étaient sorties pour défendre l’intérêt du club ! »

 

Vous avez toujours le même engouement pour soutenir votre club au 5e échelon national… Pourquoi ?
« Il y a toujours des gens, comme nous, qui sont attachés à ce club et tant qu’on arrivera à avoir un petit noyau de supporters qui vient au stade, ce sera comme ça. Par contre, je peux t’affirmer qu’il est de plus en plus difficile de faire venir du monde avec nous dans le kop pour chanter et encourager les joueurs… Toutefois, on a des relations et des conditions qui sont idéales avec le club depuis quelques saisons. Cela nous permet de faire des déplacements avec mise à disposition de véhicules par le club et avec Pascal Cornon qui s’en occupe très bien et qu’on doit remercier. Cela nous permet aussi de faire d’autres choses communes avec les dirigeants. »

 

Cette année, les résultats ont du vous aider pour les animations et pour soutenir le club à domicile comme en déplacement ?
« Effectivement, cette année on a senti un engouement sportif idéal. C’est du à la direction du club qui a su bâtir petit à petit une belle équipe qui tient la route, avec des joueurs supers qui sont venus et qui, pour moi, se sont intégrés dans l’esprit forgeron. Quand on voit un Anthony Vuolo agiter l’un de nos drapeaux à la fin des matchs par exemple, c’est exceptionnel ! Les joueurs sont tous impliqués et viennent nous voir même après une défaite… Ça fait la différence ! »

 

Je ne crois pas qu’il y d’autres clubs dans le groupe N3 Bourgogne avec des supporters qui se déplacent à chaque matchs ?
« Très peu en effet mis à part Besançon peut être… Il n’y a pas grand-chose en N3 en général… On est l’un des rares groupes de supporters qui suivent leur équipe à tous les matchs.».

 

Peux-tu nous parler de tes meilleurs souvenirs et meilleurs moments de l’avant 2011 en tant que supporter et ultra ?
« Personnellement, j’ai plusieurs moments en fin de compte : 1991 avec la demi-finale à Monaco… Défaite mais il y avait un monsieur qui s’appelle Georges Weah et qui, à la fin du match est descendu nous saluer… Nous étions 800 supporters présents et être salués par l’actuel Président du Libéria, cela me restera gravé à jamais. 1995 bien sûr avec la montée en D1, les déplacements, le défilé dans les rues de Gueugnon les jours de matchs…. Nous étions 80 ultras cartés l’année de la montée et près de 15O durant la saison de D1. Le match de la coupe d’Europe à Gueugnon en 2000/2001 contre Iraklis… Petite déception de ne pas pouvoir suivre l’équipe en Grèce mais le voyage était trop onéreux pour moi… Et puis l’année 2000 avec le match de coupe de France à Marseille où l’on mène 4-0 puis on gagne 4-3 ! On a vu les supporters marseillais débâcher au Vélodrome… Il n’y a pas eu beaucoup de clubs qui ont fait un tel score à Marseille ! Et enfin l’épopée en coupe de la Ligue 2000 avec en point d’orgue : la préparation la demi finale puis la finale, le tifo au stade de France et bien sûr cette victoire en coupe de la Ligue… Un authentique exploit ! »

Et durant l’après 2011 ?
« La montée d’Honneur en CFA2 face à Selongey ! Après, chaque victoires est un bon moment… Il y a eu aussi le match en coupe contre Clermont mais je n’ai pas voir le match car je travaillais. Par contre, j’étais au match de coupe contre Angoulême où l’on était passé près de l’exploit aussi. Et enfin, il y a eu la finale de la coupe de Bourgogne lors de la relance du club ! »

Depuis quelques années, on commence à titiller le podium en N3 et à penser à la montée… Comment l’analyses-tu et comment l’avez-vous vécue ?
« On a fait une partie de championnat qui a été extraordinaire, on a enchainé une dizaine de victoires et il est vrai que cela nous booste côté tribune et nous motive encore plus ! Plus tu gagnes, plus tu as envie de les encourager !! Puis il y a eu ce coup de frein en fin d’année… Pour moi cela se joue dans l’état d’esprit : quand les joueurs se sentent bien c’est plus facile et cela permet d’avoir le moral. Cela se transmet aux dirigeants, aux supporters et aux partenaires ! »

 

Ton sentiment sur la seconde partie de championnat où l’on a été moins bien ?
« Ça fait parti du sport… Quand on est moins bien sur le terrain, on perd tout simplement des matchs et des points. Il faut toujours se remettre en question ! Mais on a vu les joueurs se remettre en question et on a senti que l’équipe était repartie lors du dernier match en déplacement à Roche-Novillars. On a vu qu’après l’égalisation des locaux à 2-2, les joueurs ont été capable de se surpasser pour l’emporter largement (ndrl: score final : 2-5)… C’est la mentalité : on ne lâche rien. »

 

On a vraiment cru cette saison à la possibilité de monter mais il y a un Auxerre intouchable qui a pu nous devancer…
« Effectivement, Auxerre avait pour objectif la montée cette saison et ils ont plus de moyens que nous, on le sait. Ils ont eu aussi beaucoup de réussite. Après, sur le match que l’on a vu à Jean Laville face à eux, ils n’étaient pas plus forts que nous… On se valait ! Sur ce match (ndlr: score final : 2-3), on a voulu jouer pour l’emporter et on a perdu parce qu’on est des compétiteurs et des gagneurs ! »

 

Les supporters et Ultras, ce sont aussi pleins d’anecdotes… comme celle chez le Besançon Foot ?
« Oui oui (rires). Au départ on avait consulté la météo pour ce match qui se jouait sur un terrain annexe car Léo Lagrange, l‘officiel était en travaux. Pas de tribune, pas d’abris… Pascal Cornon a un vitabri et l’avait déjà emmené pour un match auparavant… Du coup nous l’avons emporté avec nous et ce vitabri nous a tous protégé ! Nous étions une vingtaine dessous à chanter ce jour là. Les éléments étaient déchainés : le vent, la pluie… Mais on retiendra l’ambiance et la victoire arrachée aux forceps (ndlr : score final : 1-2) ! A la fin du match, on a trainé le vitabri pour se protéger au maximum jusqu’au bus en marchant dans la boue… On étaient tous trempés mais heureux.
Puis on s’est rencardé auprès du staff pour se retrouver sur la première aire de l’autoroute et y voir les joueurs… Cela a donné une superbe ambiance et une très belle communion suite ! Être supporter avec sa propre tribune en terrain adverse, c’est rare quand même (rires). »

La FFF a tranché (ndrl : voir communiqué), désormais le championnat est arrêté…
« Oui la FFF a décidé ce jeudi de donner fin aux divers championnats avec une montée pour l’AJ Auxerre B… Tant pis ! Maintenant on a construit une belle équipe et il faudrait conserver un maximum de joueurs. Ce sont des supers joueurs on le sait. Il faudra se servir de l’expérience de cette saison pour repartir de plus belle avec nos partenaires et tous ceux qui soutiennent le club. »

 

Si tu avais un message à faire passer aux forces vives du FCG, quel serait-il ?
« De garder la foi, de patienter et d’attendre que tout cela se décante… Cela nous manque de nous retrouver tous ensembles. Etre ultra c’est aussi se retrouver entre potes dans le kop à domicile et pour les déplacements. Il n’y pas que le foot, il y aussi ces moments de partage entre copains et amis… »

 

Et concernant la situation sanitaire actuelle ?
« Je pense qu’il faut être solidaires. Pour l’instant les gestes barrières, le confinement, la distanciation sont globalement bien respectés mais il faut continuer ! Je fais parti des gens qui applaudissent tous les soirs à 20h00. Les choses vont forcément repartir même si ce sera surement difficile. Pour le club, il faut que les forces vives, les joueurs, les dirigeants, les partenaires soient prêts pour repartir de plus belle ! Toutes ensembles, toutes les forces vives doivent se rassembler pour faire perdurer l’esprit gueugnonnais ».

 

Enfin, quel est ton rêve désormais pour le club ?
« En réunissant tout ce qu’on a dit avant avec l’état d’esprit forgeron, mon rêve est la montée en N2 en 2021… J’en profite pour remercier tous les ultras qui sont toujours présents, je ne serais rien sans eux… »

Merci à Piero et Olivier, président des Ultras Gueugnon pour ces mots.
N’oubliez par de prendre soin de vous et de vos proches #ForgeronFamily !

> Retrouvez nos interviews et notre série « journal d’un forgeron confiné« 

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