Dans un contexte sportif délicat, le président du FC Gueugnon s’est exprimé avec franchise et lucidité. Dans cette interview, il revient sur les difficultés rencontrées, les espoirs encore permis, et réaffirme son engagement total pour l’avenir du club.
Note : cette interview a été réalisée la semaine dernière, avant la rencontre face à Moulins Yzeure Foot.
🎧 Interview à écouter en podcast :
📖 Interview écrite :
Piero : Bonjour Président Bernard Canard. Suite à notre dernier match, vous aviez eu un discours qui nous donnait l’objectif, le fil à suivre pour cette fin de saison et pour l’année prochaine. Bien sûr, la situation est compliquée …
Bernard Canard : « Tout d’abord, je tiens à remercier les supporters qui continuent à nous suivre, les Ultras, mais aussi nos partenaires, qu’il faut saluer pour leur fidélité. C’est important, surtout dans la situation complexe dans laquelle on se trouve aujourd’hui.
On ne peut pas se satisfaire des résultats, ni même du contenu des matchs que l’on voit. Les critiques que l’on reçoit sont compréhensibles, et je dirais même qu’elles sont justifiées. Ce que l’on propose actuellement n’est pas digne du club de Gueugnon.
On doit tous se poser des questions. Et quelque part, en tant que président, je suis le premier responsable. Cela dit, l’objectif aujourd’hui est de terminer cette saison du mieux possible. Est-ce qu’il y aura un miracle ? Je ne sais pas. Mais ce qui est certain, c’est qu’on doit tout donner, aller chercher les victoires qui nous manquent, retrouver une vraie équipe de Gueugnon, ce qu’on ne voit plus depuis un certain temps, et comprendre ce qui ne va pas. Ce groupe est pourtant de qualité, et c’est justement ce qui rend la situation difficile à comprendre depuis quasiment le début de saison.
L’objectif est de bien finir. Quelle que soit l’issue et même si on descend en R1, je continuerai à assurer la présidence du club. Je serai encore présent la saison prochaine, et j’espère même pour plusieurs saisons, si ma santé me le permet.
On avait annoncé trois saisons pour stabiliser le club, et j’ai été critiqué parce que j’ai fixé le maintien comme objectif principal sur cette période. Alors non, on ne va pas se cacher derrière des excuses. Ce qui ne fonctionne pas aujourd’hui, c’est ce que l’on voit sur le terrain, c’est le groupe, c’est ce qu’on propose. Mais il faut le dire : la refonte des championnats nous a fait très mal. Malheureusement, cette dernière saison tombait en pleine transition. On espérait retrouver des championnats plus stables, avec moins de descentes et plus de montées. Mais c’est justement cette marche qu’on a ratée.
Mon message est clair, à l’attention des supporters et des partenaires : il y aura un lendemain, après le 30 juin. Et quel que soit le niveau où nous évoluerons, je serai encore président. Si on descend en R1, on fera tout pour remonter. Est-ce que la montée se fera en un an ? Je ne peux pas le garantir. Mais ce sera l’objectif, dans tous les cas. Et pour l’heure, il reste 9 matchs. 9 matchs, dont 5 à domicile. Le miracle est encore possible.
Je viens de rencontrer quelques joueurs. J’ai besoin de comprendre ce qui se passe. Est-ce qu’on repart d’une page blanche ? Je ne sais pas. Mais en tout cas, on repart avec de l’envie. Peut-être que certains diront que c’est utopique, que c’est croire au Père Noël de penser qu’on a encore une chance. Mais mathématiquement, on l’a. Certes, les cinq matchs à domicile seront contre des adversaires solides, parfois des réserves de clubs pros. Mais si ce groupe joue comme il le peut, avec les qualités qu’il a, on peut encore croire en quelque chose. On n’est pas aveugles, on sait très bien dans quelle situation se trouve le club. Mais on veut aller jusqu’au bout, et au moins redonner un peu d’envie, un peu de satisfaction à nos supporters. Nos partenaires aussi sont dans l’incompréhension.
On sent cette négativité ambiante autour du club, et on veut, malgré tout, apporter un peu de positif pour cette fin de saison. J’y crois encore. On verra bien fin mai ou début juin où nous en serons. Mais quoi qu’il arrive, on a un objectif clair pour la suite. »
Notre fil conducteur est tracé. Il faudra le suivre et je connais votre détermination Président …
« Oui, et puis je ne peux pas rester sur un échec, ce n’est pas dans ma nature. Il y a 4 ou 5 ans, avant la période du Covid, on était dans une dynamique bien différente. Il faut croire que cette période Covid nous a aussi fait mal sur le plan sportif. N’oublions pas les deux saisons où nous avons terminé deuxièmes. On était proches de la montée. Mais bon, on ne vit pas dans le passé. Ce qui est certain, c’est qu’on a connu de belles années …
Je me répète peut-être, mais avec la refonte des championnats, notre discours a changé, parce qu’on s’est rendu compte de la difficulté. Aujourd’hui, ce sont surtout les clubs parisiens et ceux des grandes villes qui s’imposent. J’ai parfois le sentiment qu’on ne veut plus que des villes comme Gueugnon soient représentatives du football français. On privilégie les grandes agglomérations, à qui l’on donne plus de moyens.
Nous aussi, on aimerait un terrain synthétique, on aimerait avoir ce que d’autres ont… mais on n’en a pas les moyens. On veut avancer, mais on ne nous facilite pas la tâche. J’espère qu’il y aura quand même quelques clubs de Saône-et-Loire qui parviendront à s’en sortir. On voit bien que la difficulté ne concerne pas seulement Gueugnon. C’est aussi le cas de Louhans-Cuiseaux, peut-être de Montceau.
Bien sûr, je leur souhaite de se maintenir. Mais il faut être lucide : les clubs de Saône-et-Loire sont confrontés à de vraies difficultés face aux clubs parisiens, aux réserves professionnelles, ou encore aux clubs issus de grandes villes, qui bénéficient de viviers de joueurs bien plus importants. On est plusieurs à connaître ces difficultés. Et aujourd’hui, cela devient de plus en plus compliqué de faire venir des joueurs dans nos campagnes. Mais malgré tout, on va continuer à se battre. Et surtout, on va continuer d’y croire. »
Et, comme un symbole … La ville de Gueugnon est inoxydable …
« C’est pour ça qu’on va continuer à y croire. Si je n’y croyais plus, je ne serais plus président. Bien sûr que je crois en ce club. Je suis convaincu qu’on a encore les moyens de rebondir. Cette saison doit aussi servir à tirer des leçons : comprendre ce qui, depuis deux ou trois ans, n’a pas fonctionné. Aujourd’hui, l’idée, c’est de remettre les choses à plat et de repartir sur une nouvelle dynamique. D’abord pour ces huit ou neuf derniers matchs, puis pour construire une prochaine saison plus solide. »