Inox Express avec Michel Berthommier

Inox Express avec Michel Berthommier

(16 novembre 2009)

Inox ExpressProfitant de l’anniversaire des exploits en Coupe de France (quarts de finales en 1969 et en 1979) et du titre de Champion de France de Division 2 (1979), Inox Express est allé à la rencontre de Michel Berthommier. Stoppeur de la grande épopée Nowotarski, il fut notamment quart de finaliste en coupe de france, champion de france de D2 et sélectionné en Equipe de France amateur. Rien que ça !
Actuel président de l’Association des Anciens joueurs du FCG, il fait perdurer la mentalité et le souvenir des exploits du FC Gueugnon.
Entretien passionnant que nous a accordé le frère de Jean-Claude, autre figure emblématique du FCG. Souvenirs, souvenirs…

M.Berthommier - vestiaire de Saint-Etienne (1979)
M.Berthommier – vestiaire de Saint-Etienne (1979)

Michel, on vous connait pour avoir joué en équipe A de 1970 à 1988. On « se souvient » de 1979 : quart de finaliste après avoir éliminé le « Grand Saint-Etienne » en 1/8e et surtout Champion de France de D2.
Pour les plus jeunes d’entres-nous, pouvez-vous vous (re)présenter et étoffer vos faits d’armes au FCG ? Quelles souvenirs gardez vous, entre autre, des matchs contre Saint-Etienne puis du match de l’accession contre l’AJ Auxerre ?

Michel Berthommier : D’abord ça restera 2 gros événements pour notre équipe ! L’élimination du grand Sainté nous permet d’égaler la performance de nos ainés de 1969, d’atteindre un ¼ de finale et d’entrer dans la légende du Club. Pour couronner le tout sur la même saison, nous battons Auxerre 3-2, lors du dernier match, chez nous, devant 9000 personnes, dans des conditions mémorables, contre notre adversaire régional ! Et bien sûr nous devenons champions de D2 en battant Brest. Nous avons vécu une période magnifique, qui, pour la plupart d’entre nous, avait démarré en 1974 avec l’arrivée de notre coach C.NOWOTARSKI, pour aller crescendo vers ce titre de champion avec, au passage, des matchs épiques en coupe et un barrage en 1977.
Pour ma part, je garderai comme souvenirs, de par mon poste de stoppeur, le fait de m’être « frotté » aux plus grands avant-centres du moment de D2 et ex D1. Avec plus ou moins de succès, j’ai fait de mon mieux pour les contrer. Mais entre nous, je me demande si le meilleur avant centre ne jouait pas chez nous !! J’avais souvent à faire à lui lors des oppositions du mercredi, n’est-ce pas Antoine TRIVINO !
Regrettez vous le refus d’accession de 1979 ? Gueugnon n’aurait-il pas pu devenir l’Auxerre actuel ?
– Oui bien sur il y a eu une grosse déception pour notre groupe de ne pas pouvoir accéder à la D1 et défendre le maillot jaune parmi l’élite. C’est le couronnement de carrière que tout joueur cherche à obtenir un jour. Après coup, il a fallu se faire une raison ! Plusieurs co-équipiers ont choisi de tenter leur chance ailleurs.
Il faut reconnaître que le fonctionnement de notre Club à l’époque et le contexte économique n’ont pas facilité la décision de nos dirigeants. Notre culture du moment n’était pas une dynamique de club Pro, nos dirigeants œuvraient pour pérenniser et fidéliser un groupe de joueurs autour d’un cocktail « football + travail / reconversion » qui avait beaucoup d’avantages… mais qui est subitement devenu caduc, dès l’instant que les instances du football ont obligé le Club à devenir professionnel en 1988. A partir de là, l’histoire du Club a pris une autre trajectoire. Mais chapeau à nos dirigeants de l’époque, nous sommes nombreux à être restés ici et à avoir effectué une très belle carrière dans l’entreprise après celle de joueur. Bravo aussi à Auxerre pour être devenu ce grand club de D1, avec un palmarès impressionnant, et n’être jamais redescendu.

En tant qu’actuel président de « l’Amicale des Anciens du FC Gueugnon », vous devez disposer de nombreuses archives sur le FCG. Des livres sur l’histoire du FCG ont-ils été publiés ? Existe t-il des projets œuvrant à partager les mémoires de notre club (livres, internet) ? Et pourquoi pas (soyons fou), un musée du FCG dans les anciens vestiaires qui ont vu nombre d’exploits ?
– (rires) Il ne faut pas voir les choses comme ça, je suis président des Anciens parce que je voulais aider à prolonger l’histoire que m’ont transmis les plus Anciens et surtout, il y a le fait d’avoir trainé dans les couloirs du Club, dans les pattes de mon père depuis tout petit… De ce fait, je connais les rouages du « Club/Usine amateur ». Je me sens comme imprégné et témoin d’une période qui ne doit pas s’éteindre. Vous vous rendez compte, lors de nos réunions des Anciens, René Churlet, Lucien Puzenat présents à la fondation du Club en 1940, champions de France Amateur en 47 viennent jouer aux cartes et casser la croûte avec les derniers joueurs de notre « génération » comme Vincent Stropoli, Fred Soulier, Eric Durand, Jean Acedo, et au milieu de ça, vous avez René Magistri, Bébel Virot, José Sanchez, Dédé Ducarouge, Jean François Cognard, Jeannot Collaudin, Jacquou Emorine, Michel Delblouwe, Fernand Barek, Jean Paul Mamessier, Fred Duda, Guy Clopin, et j’en passe une trentaine d’autres !
Tous ces gars là ont joué un jour ensemble en équipe fanion ! Vous imaginez la force et les valeurs transmises dans les vestiaires de Jean Laville sans oublier les quantités d’anecdotes qui y sont nées. Permettez-moi une pensée pour tous ceux qui nous ont quittés. Pour ce qui est des archives, j’ai quelques vidéos collector et de nombreuses photos de nos épopées. Il y a plusieurs collectionneurs sur Gueugnon., le mieux serait d’avoir un archiviste.
Votre idée du musée ou de salle des trophées avait été évoquée par Franck Sochan en marge de la construction de la nouvelle tribune Nord. Les événements ont fait que cela est tombé à l’eau. Mais, peut être, réussirons-nous un jour à tout compiler ? Seul mystère « est ce que ça intéressera encore du monde » ?
Concernant les publications sur l’hsitoire du club, je vous conseille de lire « le livre d’or du FCG de 1940 à 1980 » de Michel CHAUSSIN et le livre « Forgerons Champions » de Jacques LOUBIERES. Gilbert BATUT a également écrit au fil des exploits, des parutions spéciales, qui retracent les grandes heures du Club, la montée, la coupe de la Ligue, etc…

"Réunion des Anciens du FCG" - Tribune Nord 2008
« Réunion des Anciens du FCG » – Tribune Nord 2008

Aux forges la semaine, sur les pelouses le week-end : ces rudes semaines sont difficilement imaginables de nos jours. Était-ce plus compliqué pour les footballeurs à cette époque ?
– Je vous l’ai dit plus haut, ce mode de fonctionnement « footballeur-travailleurs » était un système qui avait d’énormes avantages pour attirer les bons joueurs de la grande région à Gueugnon, au milieu de notre Charolais, à un bon niveau de compétition tout en leur assurant un « après football » intéressant. La plupart se sont mariés et installés ici, ils sont soit encore actifs ou retraités des Forges et resteront toujours là. Je peux vous garantir que les bons résultats, la réputation du Club et sa régularité sont issus de ce mode de fonctionnement.
Maintenant, un joueur Pro, ne prévoit pas de rester à Gueugnon, le système n’a plus rien à voir avec la fidélisation à un Club, les joueurs sont beaucoup plus itinérants, à la recherche d’opportunités.

Et dans ce nouveau système qu’on appelle « foot business », on ne parle presque plus de valeurs, d’abnégation, d’amour du maillot. Etes-vous nostalgique de votre époque ou c’est incomparable ?
– Oui, au risque de me répéter, comme les joueurs actuels restent grand maximum un an quelques fois deux, ils ont juste le temps de prendre la température de l’ambiance locale, ils sont tous d’accord pour dire que c’est un Club familial, mais ils n’ont pas le temps de palper les vraies valeurs qui existent ici au cœur de la ville, au cœur de l’usine. C’est ce qui fait que Gueugnon n’est pas tout à fait comme ailleurs !! Il faut avoir vécu plusieurs années au milieu de la population pour ressentir ce « courant » qui existe ici.
En tant que joueur, j’ai pu comprendre ce qu’attendait le public : « voir l’ancien gradin en tôles se lever et crier quand un de nos attaquants fonçait vers le but adverse, c’est inoubliable ! Se faire encourager même dans la difficulté quand vous faites preuve d’abnégation et de volonté de bien faire pour rattraper une erreur : On vous pardonne ». De nos jours, le public reste plus en retrait car il ne s’identifie pas vraiment aux nouvelles attitudes, on va moins de l’avant, on calcule beaucoup, il y a moins de talent. J’ai souvenir que bien des équipes appréhendaient le déplacement à Gueugnon, les visiteurs pouvaient gagner à Jean Laville, mais il fallait d’abord écarter cette ténacité de tous les instants développée par les joueurs du cru.

Ce phénomène de « désidentification » est connu à Gueugnon où pas mal de joueurs sont venus à reculons « pour (re)lancer leur carrière ».
D’un autre côté, de grands noms sont passés par le centre et/ou l’équipe première du FCGueugnon. (Citons juste Cissokho par exemple)
Comment expliquez-vous l’importance de la capitale de l’inox dans le monde du football ? Est-ce grâce au fait qu’à Gueugnon, « il n’y a rien à faire mis à part jouer au foot » ?
– Pas vraiment, ne perdons pas de vue que ce qui a permis longtemps à Gueugnon de poursuivre sa vie parmi l’élite, c’est le niveau de compétition et y compris pour le recrutement des Jeunes au Centre de Formation. Rappelez vous que le FCG a connu en même temps la D2, la D3, la D4 pour les seniors puis les -18, les -16 en jeunes et une section sportive très réputée. Avec ça, vous avez des arguments pour attirer des joueurs, alors bien sûr, notre environnement campagnard ne nous aide pas forcément !! Sinon, dire que Gueugnon a fait partie des 40 meilleurs clubs français pendant 38 ans, de nombreuses grandes villes et de nombreux clubs doivent nous envier quand même. Certains joueurs sont effectivement passés par Gueugnon pour rebondir, c’est le cas aussi à Auxerre et ailleurs. Aujourd’hui, pour exister, il faut arriver à bâtir un effectif cohérent, complémentaire, compétitif et motivé !! Ceci quasiment tous les ans. Ça c’est le plus difficile ! Mais c’est aussi valable ailleurs que sur les bords de l’Arroux !

Vous suivez l’évolution du FCG depuis toujours, avec ses joies et ses peines. Êtes-vous frustré de la situation du club ?
– Je dirai que nous sommes dans une période charnière depuis quelques années, des résultats moyens, un niveau de jeu qui n’emballe pas les foules, avec en plus, la nouvelle problématique de la descente de l’équipe A et ensuite de l’équipe B. Les gueugnonnais, les supporters du Club de la région ont subi ces chocs. Tous se demandent quand cette période prendra fin et si le Club sera capable de revenir à son rang. Rang que les années ont figé dans les mémoires locales.

Tony Vairelles et Casimir Nowotarski
Tony Vairelles et Casimir Nowotarski

Que pensez-vous de l’arrivée de Tony Vairelles qui semble aussi un romantique du football famille et de ses vraies valeurs ?
– Voilà une nouvelle donne effectivement ! En plus, dans cette période charnière à laquelle je faisais allusion, c’est peut être la possibilité de relever le challenge et de redonner espoir à toute la région de voir les couleurs jaune et bleu s’illustrer à nouveau sur les terrains français. Ou tout au moins, pour le moment, faire en sorte que les gueugnonnais se reconnaissent à travers l’équipe au niveau de la qualité du jeu et de l’engagement.
Tony Vairelles arrive à Gueugnon avec son image de joueur talentueux, volontaire et combatif, il faut qu’il installe cet état d’esprit dans le Club pour y arriver. C’est ce que je lui souhaite.

Dans un article du Progrès (10 oct 09 – http://www.leprogres.fr/fr/sports/football/article/2070579,254/Vairelles-patron-joueur.html ), un « proche du club » dit que « Le poids des anciens joueurs est énorme ici, mais franchement il peut fédérer ».
Considérez-vous « l’Amicale des Anciens du FC Gueugnon » comme un lobbying au FC Gueugnon ?

– Je ne sais pas qui a dit cela, en tout cas, je tiens à préciser que l’Amicale des Anciens en tant qu’association que je préside, n’a aucun poids ni aucune raison d’avoir un avis sur quoi que ce soit concernant le fonctionnement du Club. Maintenant, chaque ancien joueur est aussi un individu indépendant et libre d’expression. Chacun peut faire connaitre son point de vue là où il se trouve, en assumant ses dires.
Sinon, pour revenir sur l’histoire du Club, incontestablement les gens gardent en mémoire les grandes heures et les grands rendez vous des années fastes. J’ai pu constater dernièrement pour la célébration des 30 ans du titre de 1979, à travers des messages de supporters, que de nombreux jeunes qui arrivent à la trentaine, racontent leur première venue à Jean Laville à l’âge de 5 ou 6 ans et comment ils sont devenus fans des jaunes et bleus. Témoignages vibrants !
C’est normal qu’avec presque 70 ans d’âge, dans une petite ville comme la nôtre où tout le monde se connait et partage les mêmes valeurs, il existe une force qui pèse sur le Club. Il faut seulement que les gens soient raisonnables.

Pensez-vous que le FCG puisse remonter et s’installer à nouveau durablement un jour en Ligue 2 ?
– Je le souhaite comme beaucoup bien sûr. Mais j’ai bien peur que même avec l’arrivée de Tony Vairelles et sa volonté de bâtir quelque chose de durable, même avec tous les bons joueurs qu’on pourra former, il faudra que ça passe par des changements du paysage local et du périmètre. A moins d’un retournement spectaculaire de la situation économique de notre région, voire de notre pays, cela me paraît incontournable. Les instances du football sont plutôt sur une dynamique de développer des « Clubs élites » associés à de grandes métropoles ou de grandes communautés urbaines. Les instances politiques sont plus rigoureuses sur la distribution de fonds publics. Les grandes entreprises traversent des difficultés et réduisent leurs actions de promotions. Nous avons été longtemps reconnus, mais je ne saurais pas dire pour combien de temps encore. Vaste débat.

Enfin pour terminer, voici votre tribune libre où vous pouvez vous exprimer
– J’ai déjà dit beaucoup de choses ! On va me traiter de bavard !
Le FCG restera mon Club formateur et mon Club de cœur, il m’aura offert les plus grandes satisfactions de footballeur. Je suis le plus jeune des 4 frères. Nous avons tous joué en équipe première. Je suis très fier de ma carrière au FCG, surtout d’avoir fait une dizaine de matchs avec Gilles et Jean Claude et plus de 250 avec ce dernier. Jacques, l’aîné, ayant joué dans les années 60. Je me fais l’interprète des frères CHURLET, VINCENT, THEVENET, EMORINE, DELBLOUWE, TRIVINO, PERRIN, BERNARD, BERTHOMMIER pour souhaiter la bienvenue à la famille et aux frères VAIRELLES !

En conclusion : « Nous devons tous être conscients des difficultés d’exister dans ce monde « terrible » qu’est devenu le football-business, pour une petite ville comme Gueugnon ». Il faudra s’accrocher ! Allez les Jaunes et bleus !»

L’équipe de la page des Fans du FCG espère que cet entretien aura ravi tous les supporters du FCG, et remercie sincèrement Michel Berthommier pour ce formidable témoignage.

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